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Trois objets connectés face à la polysomnographie

Contexte

La polysomnographie (PSG) est la méthode de référence pour mesurer le sommeil : elle enregistre l’activité cérébrale, les mouvements oculaires, la respiration, la fréquence cardiaque, etc. Mais cet examen reste lourd, coûteux, et limité à l’hôpital. Les objets connectés, portés à domicile, promettent une alternative simple et accessible.
Une étude parue en 2024 a comparé trois dispositifs grand public – Oura Ring Gen3, Fitbit Sense 2 et Apple Watch Series 8 – à la PSG, chez 35 adultes en bonne santé suivis une nuit à l’hôpital.


Principaux résultats

  1. Détection du sommeil vs. éveil
    Tous les dispositifs détectent correctement si une personne dort ou non.
  • Sensibilité ≥ 95 % (donc très peu de « faux éveils » détectés pendant le sommeil).
  • Accord global avec la PSG : 91–93 %.
  1. Durée totale de sommeil
    Les trois appareils donnent des estimations proches de la PSG (écart moyen < 10 minutes).
  2. Différenciation des stades de sommeil (léger, profond, paradoxal/REM)
    C’est le point faible des montres et bagues :
  • Oura Ring : sensibilité correcte et homogène (76–79 % selon les stades), sans différence significative avec la PSG.
  • Fitbit : surestime le sommeil léger (+18 min) et sous-estime le sommeil profond (–15 min).
  • Apple Watch : surestime fortement le sommeil léger (+45 min) et sous-estime le sommeil profond (–43 min). Elle détecte plutôt bien le sommeil paradoxal (82 %), mais échoue pour le profond (50 % seulement).
  1. Qualité de l’accord (ICC)
  • Bonne à excellente concordance pour la durée totale de sommeil et l’efficacité du sommeil.
  • Mais concordance faible pour le sommeil profond et paradoxal (valeurs souvent < 0,4).

Tableau comparatif : Résultats clés (par rapport à la PSG)

ParamètreOura RingFitbit Sense 2Apple Watch Series 8
Sommeil vs. éveil92 % d’accord91 %93 %
Sommeil total (écart moyen)–9 min–3 min+8 min
Sommeil léger≈ PSG+18 min (surestimé)+45 min (surestimé)
Sommeil profond≈ PSG–15 min (sous-estimé)–43 min (sous-estimé)
Sommeil paradoxal (REM)≈ PSG–7 min≈ PSG
Fiabilité (ICC)Bonne pour total/eff.MoyenneExcellente pour total
Pannes d’enregistrement0 %6 %17 %

Analyse critique

  • Forces de l’étude :
    • Méthodologie rigoureuse (comparaison directe avec PSG).
    • Échantillon diversifié en âge, sexe et phototypes cutanés (important car les capteurs optiques sont sensibles à la pigmentation).
    • Première comparaison conjointe de trois appareils grand public parmi les plus utilisés.
  • Limites :
    • Une seule nuit d’enregistrement, dans un cadre hospitalier artificiel.
    • Participants en bonne santé, sans troubles du sommeil (résultats probablement différents chez des insomniaques ou des apnéiques).
    • Données manquantes pour Fitbit et Apple (problèmes de synchronisation).
    • Algorithmes opaques : aucune transparence des fabricants sur la manière dont les stades sont calculés (« boîte noire »).
  • Enjeux pour le grand public :
    • Ces dispositifs sont fiables pour estimer combien de temps on dort et si la nuit a été « globalement bonne ou mauvaise ».
    • Ils sont nettement moins fiables pour analyser la structure fine du sommeil (profond, léger, paradoxal).
    • Risque de mésinterprétation et d’anxiété si l’utilisateur prend au pied de la lettre les chiffres donnés sur le sommeil profond.
    • Le coût reste élevé (250–800 $), ce qui limite l’accessibilité.

Conclusion

Les objets connectés comme l’Oura Ring, le Fitbit Sense et l’Apple Watch offrent une évaluation assez juste de la durée de sommeil et de la distinction sommeil/veille, ce qui peut motiver à adopter de meilleures habitudes. Mais ils ne remplacent pas la polysomnographie, indispensable pour diagnostiquer les troubles du sommeil et analyser finement la structure des nuits. Leur usage doit donc rester un outil de suivi personnel, et non un substitut médical.

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