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Ruban sur la bouche et PPC : gadget ou vraie solution ?

Pourquoi s’intéresser au problème ?

La CPAP (ventilation en pression positive continue) est le traitement de référence de l’apnée obstructive du sommeil. Mais encore faut-il que les patients l’utilisent régulièrement et correctement. Un obstacle majeur : la respiration par la bouche. Elle provoque des fuites d’air, assèche la gorge, augmente l’inconfort et pousse certains à abandonner leur appareil.

Depuis quelques années circule une idée simpliste : fermer la bouche grâce à un ruban médical (mouth tape). Facile, pas cher, efficace, dangereux ? C’est ce qu’une équipe thaïlandaise a voulu tester, avec une étude rigoureuse.


Comment l’étude a été menée ?

  • Type d’étude : essai randomisé croisé. Chaque patient testait 30 jours avec le ruban + CPAP, puis 30 jours sans (ou l’inverse), avec une semaine de pause entre les deux périodes.
  • Participants : 62 personnes souffrant d’OSA sévère (en moyenne 46 événements par heure). Tous étaient identifiés comme « respirateurs buccaux » sous CPAP.
  • Critères principaux :
    • Adhésion à la CPAP (durée et régularité d’utilisation)
    • Somnolence diurne (score Epworth)
    • Symptômes : ronflement, sécheresse buccale, réveils nocturnes
    • Paramètres techniques : fuites, indice résiduel d’apnées-hypopnées (AHI)
    • Effets indésirables

Les résultats marquants

Les points positifs

  • Meilleure utilisation de la CPAP : +52 minutes en moyenne par jour, +4 jours par mois d’usage.
  • Adhésion de qualité : près de 90 % des patients atteignaient le seuil de « bonne observance » (≥ 4 h/nuit au moins 70 % du temps), soit 4,5 fois plus qu’en période sans ruban.
  • Somnolence réduite : baisse de 4 points du score Epworth, une amélioration jugée à la fois statistiquement et cliniquement significative.
  • Confort accru : moins de bouche sèche, moins de réveils nocturnes, ronflement réduit.
  • Pas d’aggravation de l’OSA : ni l’indice résiduel d’apnées ni le niveau de fuite n’ont été affectés négativement.

Les points négatifs et limites

  • Inconfort chez quelques patients : irritations cutanées, démangeaisons, sensation de gêne (mais personne n’a arrêté le traitement pour ces raisons).
  • Durée limitée : suivi d’un mois seulement, ce qui ne permet pas de conclure sur le long terme.
  • Population sélectionnée : pas de patients avec obstruction nasale sévère, hypertrophie amygdalienne ou anomalies craniofaciales → les résultats ne s’appliquent pas à tous.
  • Pas de mesures objectives du respect de l’application du ruban (auto-déclaration seulement).
  • Généralisation limitée : par exemple, efficacité incertaine chez les personnes à forte pilosité faciale.

Ce qu’il faut retenir

  • Le mouth taping est simple, peu coûteux et globalement bien toléré.
  • Dans cette étude, il améliore nettement l’adhésion à la CPAP et réduit plusieurs symptômes gênants.
  • Les résultats sont prometteurs : un gain d’adhésion d’une heure par nuit peut avoir des répercussions majeures sur la santé cardiovasculaire et la qualité de vie.
  • Mais attention :
    • Ce n’est pas adapté à tous (impossible si nez bouché ou anomalies anatomiques).
    • On manque encore de données à long terme.
    • Cela ne remplace pas une prise en charge globale de l’OSA.

Commentaire de la rédaction:

Le bouche-taping pourrait avoir un intérêt chez certains patients avec respiration buccale + OSA léger, surtout pour :

  • diminuer les fuites lors d’utilisation de CPAP nasal,
  • améliorer l’adhésion à la CPAP,
  • réduire le ronflement.

Mais ce n’est pas du tout une solution universelle, et des risques existent, surtout en cas de troubles nasaux ou d’anatomie défavorable. Il faut donc procéder de façon individualisée, encadrée, et ne pas voir le bouche-taping comme une panacée. Demandez l’avis de votre médecin avant de vous lancer dans l’aventure…

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