Le sommeil, censé être un temps de repos, peut parfois être perturbé par des mouvements involontaires. Ces troubles moteurs du sommeil sont variés, allant de simples secousses bénignes à des mouvements répétitifs très gênants. Parmi eux, le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est le plus fréquent et le plus invalidant.
1. Le syndrome des jambes sans repos (SJSR)
Qu’est-ce que c’est ?
Le SJSR est un trouble neurologique caractérisé par :
- une envie irrésistible de bouger les jambes,
- accompagnée de sensations désagréables (picotements, fourmillements, brûlures, tiraillements),
- qui apparaissent surtout le soir ou la nuit,
- et qui sont soulagées par le mouvement (se lever, marcher, étirer les jambes).
Ces symptômes entraînent des difficultés d’endormissement, des réveils fréquents et une grande fatigue le lendemain.
Qui est concerné ?
- Environ 5 à 10 % de la population présente un SJSR, avec une forme modérée ou sévère.
- Les femmes sont plus souvent touchées.
- Le trouble peut apparaître à tout âge, mais il est plus marqué après 40 ans.
- Il existe souvent une prédisposition familiale.
Causes et facteurs favorisants
- Un déficit en fer est fréquemment associé.
- Le dopamine, neurotransmetteur impliqué dans le contrôle des mouvements, joue un rôle clé.
- Certains médicaments (antidépresseurs, neuroleptiques, antihistaminiques) ou maladies (insuffisance rénale, diabète, neuropathies) peuvent aggraver le SJSR.
- Le SJSR peut aussi apparaître durant la grossesse, mais disparaît souvent après l’accouchement.
Conséquences
- Insomnie chronique, fatigue diurne, baisse de concentration.
- Retentissement sur la qualité de vie : anxiété, dépression, isolement.
Prise en charge
- Mesures simples : éviter café, alcool, tabac ; pratiquer une activité physique régulière (mais pas trop tardive) ; maintenir une bonne hygiène de sommeil.
- Correction d’un déficit en fer, lorsqu’on met en évidence un déficit (une perfusion de fer est parfois nécesssaire)
- Médicaments : agonistes dopaminergiques (faibles doses), antiépileptiques (gabapentine, prégabaline), opioïdes dans les cas sévères.
- Nouvelles approches : stimulation magnétique transcrânienne, thérapies ciblant la dopamine.
2. Autres troubles moteurs du sommeil
Bien que le SJSR soit le plus connu, d’autres troubles moteurs existent :
a) Les mouvements périodiques des jambes (MPJ)
- Mouvements stéréotypés des jambes pendant le sommeil, souvent associés au SJSR.
- Ils surviennent toutes les 20–40 secondes, entraînant des micro-éveils.
- Le patient n’en a pas toujours conscience, mais son conjoint peut les remarquer.
b) Les parasomnies motrices
- Somnambulisme : marcher ou effectuer des gestes complexes en dormant.
- Terreurs nocturnes : réveils brutaux avec cris, agitation intense, sans souvenir au matin.
- Trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) : le dormeur « joue ses rêves », avec gestes brusques, coups ou paroles. Ce trouble peut annoncer certaines maladies neurologiques (Parkinson, démences).
c) Le bruxisme
- Grincement des dents la nuit, parfois accompagné de douleurs mandibulaires ou de lésions dentaires.
- Souvent lié au stress ou à des anomalies dentaires.
d) Les myoclonies d’endormissement
- Secousses musculaires brèves, fréquentes à l’endormissement.
- Phénomène bénin, sans retentissement pathologique.
3. Quand consulter ?
Il est conseillé de consulter un médecin, voire un spécialiste du sommeil, si :
- les mouvements perturbent l’endormissement ou le sommeil,
- le conjoint remarque des gestes répétitifs ou dangereux,
- la fatigue diurne devient invalidante.
Un interrogatoire détaillé, complété par une polysomnographie (enregistrement du sommeil), permet souvent de poser le diagnostic.
Conclusion
Les troubles moteurs du sommeil sont fréquents et souvent méconnus. Le syndrome des jambes sans repos est le plus représentatif, associant un besoin irrépressible de bouger les jambes à des sensations désagréables, avec un retentissement important sur la qualité de vie.
Le diagnostic est clinique et le traitement, adapté à chaque patient, associe mesures d’hygiène de vie, correction d’un déficit en fer et, si nécessaire, traitements médicamenteux.
Reconnaître et traiter ces troubles permet de retrouver un sommeil réparateur et d’améliorer nettement la qualité de vie.