Quand on pense au sommeil paradoxal (ou sommeil REM), on imagine les humains et les mammifères, voire les oiseaux. C’est la phase de sommeil où nos yeux bougent rapidement, où nos muscles se relâchent et où nous rêvons. Mais une découverte étonnante vient bousculer cette vision : les araignées sautantes (Evarcha arcuata) pourraient elles aussi connaître un état proche du sommeil paradoxal.
Une observation surprenante
Les chercheurs ont étudié de très jeunes araignées sautantes, encore translucides, ce qui permet d’observer directement le mouvement de leurs rétines à travers leur carapace. Grâce à des caméras infrarouges, ils ont enregistré leurs comportements nocturnes.
Résultat : à intervalles réguliers, les petites araignées montraient :
- des mouvements rapides de leurs yeux
- des tressaillements de pattes et de corps,
- et un comportement typique de repli des pattes sous le corps.
Ces signes rappellent fortement ce que l’on observe chez les mammifères en sommeil paradoxal.
Des cycles comparables à ceux des mammifères
- La durée moyenne de ces épisodes était d’environ 1 minute 20 secondes, soit proche des durées mesurées chez des rongeurs comme les rats.
- Ces épisodes revenaient toutes les 15 à 30 minutes, un rythme qui ressemble beaucoup aux cycles de sommeil paradoxal observés chez les mammifères.
- Fait intrigant : la durée et la fréquence de ces épisodes augmentaient au fil de la nuit, un autre point commun avec le sommeil humain.
Des rêves d’araignées ?
Bien sûr, il est impossible de dire si ces araignées « rêvent ». Mais le fait que leurs yeux bougent comme s’ils exploraient une scène visuelle a conduit certains scientifiques à s’interroger : et si elles revivaient mentalement leurs expériences visuelles de la journée ?
Cette hypothèse rapproche l’étude des araignées de ce que l’on pense du rôle du sommeil paradoxal chez l’humain : consolider la mémoire et traiter les expériences vécues.
Pourquoi c’est important
- Cette découverte montre que le sommeil paradoxal ne serait pas une exclusivité des mammifères et des oiseaux.
- On le retrouve désormais chez un invertébré, séparé de nous par des centaines de millions d’années d’évolution.
- Cela suggère que ce type de sommeil pourrait être beaucoup plus ancien et répandu dans le règne animal qu’on ne le pensait.
Conclusion
Les araignées sautantes ne sont pas seulement de redoutables chasseuses aux yeux perçants. Elles pourraient aussi partager avec nous un état mystérieux et fascinant : le sommeil paradoxal.
Alors, la prochaine fois que vous verrez une araignée suspendue à son fil, endormie, demandez-vous : et si elle était en train de rêver ?