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La pleine lune influence-t-elle vraiment notre sommeil et notre santé ?

Depuis des siècles, la pleine lune alimente les croyances populaires : nuits agitées, accouchements plus fréquents, comportements troublés. Mais qu’en disent réellement les études scientifiques ? Quatre travaux récents et anciens apportent des éléments de réponse… parfois contradictoires.


1. Le sommeil écourté autour de la pleine lune : une étude de référence

Une équipe suisse (Cajochen et al., Current Biology, 2013) a examiné rétrospectivement les données de 33 volontaires étudiés en laboratoire du sommeil. Les participants ignoraient que le cycle lunaire était étudié, ce qui limite les biais de croyance.

Les résultats montrent qu’autour de la pleine lune :

  • l’endormissement prend 5 minutes de plus,
  • le sommeil profond est réduit de 30 %,
  • la durée totale de sommeil baisse d’environ 20 minutes,
  • la mélatonine (hormone du sommeil) est plus faible.

Ces résultats constituent une des rares preuves objectives d’une influence lunaire sur la physiologie du sommeil.


2. Les accouchements et complications obstétricales : aucun lien démontré

Une vaste étude américaine (Arliss et al., American Journal of Obstetrics and Gynecology, 2005) a analysé plus de 560 000 naissances en Caroline du Nord, sur 5 ans. L’objectif était de vérifier si la pleine lune augmentait le nombre de naissances ou les complications (césariennes, prématurité, ruptures de membranes).

Résultat : aucune variation significative entre les phases lunaires. La croyance selon laquelle les maternités seraient « débordées à la pleine lune » relève donc du mythe.


3. Consultations hospitalières : des différences, mais difficiles à interpréter

Une étude nationale taïwanaise (Uddin et al., AIMS Public Health, 2023) a suivi 1 million de personnes pendant 8 ans à partir des bases de l’Assurance Maladie. Les chercheurs ont comparé les consultations selon les phases lunaires.

Ils ont identifié 58 maladies présentant des variations entre phases « lune » (>50 % éclairée) et « non-lune » (<50 % éclairée).
Exemples :

  • plus de cas de maladies pulmonaires et de blessures vasculaires pendant les phases de lune,
  • davantage de choléra et de troubles rénaux pendant les phases sans lune.

Cependant, ces résultats sont descriptifs : ils ne prouvent pas de lien direct. De nombreux facteurs (saisons, comportements sociaux, fêtes) peuvent interférer.


4. Les grandes bases de données de sommeil : pas d’effet détectable

Enfin, une étude récente australienne (Nguyen et al., Sleep Advances, 2024) a analysé les enregistrements de sommeil de plus de 350 000 utilisateurs de capteurs connectés, représentant près de 180 millions de nuits de sommeil.

Les analyses statistiques sophistiquées ne trouvent aucun effet reproductible du cycle lunaire sur la durée totale du sommeil. Les éventuelles différences observées dans de petites études seraient donc des fluctuations aléatoires ou liées à des biais de sélection.


Arguments pour une influence de la lune

  • Des preuves objectives en laboratoire (réduction du sommeil profond, baisse de mélatonine).
  • De possibles variations dans certaines maladies ou comportements, suggérées par des études de santé publique.
  • Une sensibilité individuelle : certaines personnes semblent plus affectées que d’autres.

Arguments contre une influence de la lune

  • Les études de très grande ampleur (naissances, sommeil connecté) ne trouvent aucun effet reproductible.
  • Les variations observées sont modestes (20 minutes de sommeil en moins, par exemple).
  • Les biais d’observation et la puissance des croyances populaires peuvent fausser la perception (« on se souvient mieux d’une mauvaise nuit lors d’une pleine lune »).

Conclusion

La science n’apporte pas de réponse tranchée. Les données les plus fines suggèrent de petits effets sur le sommeil, mais les grandes bases de données n’en confirment pas l’existence. Pour les naissances ou les consultations médicales, l’influence de la lune semble largement un mythe.

Au final, la pleine lune continue de fasciner, et il est possible que quelques-uns d’entre nous y soient plus sensibles. Mais pour la majorité, nos nuits agitées tiennent probablement davantage à nos rythmes de vie modernes qu’aux cycles célestes.

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