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Votre ado a du mal à se recaler ?

Pour ceux qui sont franchement décalés et qui ont déjà eu des problèmes récurrents  de sommeil avec un sommeil pathologiquement décalé, on parle d’un syndrome de retard de phase des solutions médicales existent. Des auteurs norvégiens se sont demandés si les ados ressentaient un avantage à se recaler. Je vous résume leur étude et le protocole qu’ils ont mis en place pour recaler ces ados (https://www.frontiersin.org/journals/sleep/articles/10.3389/frsle.2025.1555160/full)

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Pour rappel le trouble de retard de phase du sommeil (SRPS) se caractérise par un décalage persistant du rythme veille-sommeil par rapport aux horaires sociaux attendus, entraînant des difficultés d’endormissement et de réveil, ainsi que des conséquences sur la scolarité, la vie professionnelle, la santé mentale et la qualité de vie. La prévalence est estimée entre 1,1 % et 8,4 %. Ce trouble est particulièrement fréquent chez les adolescents et les jeunes adultes, et il est associé à des symptômes anxieux, dépressifs et à une stigmatisation sociale.

Le traitement repose sur des principes chronobiologiques visant à avancer la phase circadienne : exposition programmée à la lumière vive, administration de mélatonine exogène et mise en place d’horaires de sommeil réguliers. Toutefois, l’adhésion est souvent difficile à cause des contraintes quotidiennes et des caractéristiques cognitives ou motivationnelles des patients.

L’objectif de cette étude qualitative était d’explorer, via des entretiens semi-structurés, l’expérience des jeunes ayant suivi un protocole thérapeutique combinant photothérapie matinale et mélatonine en soirée.

11 jeunes adultes (17–26 ans) atteints de SRPS, recrutés parmi étudiants et jeunes actifs ont participés à l’étude, suivi le protocole de resynchronisation, et noté si le traitement valait l’effort (0–100). Suivi sur 90 jours.

Le protocole était le suivant

  1. Phase initiale
    • Premier jour : sommeil jusqu’à réveil spontané.
    • Avancement progressif du lever d’1 heure par jour jusqu’à atteindre une heure de lever cible choisie par le patient.
    • Une fois atteinte, cette heure devait être strictement maintenue pendant toute la durée du protocole.
  2. Photothérapie matinale
    • Dès le réveil : exposition à une lampe de 10 000 lux.
    • Durée : 30 à 45 minutes.
    • Distance recommandée : 40–50 cm.
    • Obligation de diriger le regard vers la lampe.
    • En cas de réveil tardif imprévu → exposition immédiatement, puis ajustement du lever le lendemain (+1h d’avance).
  3. Mélatonine exogène
    • Administration quotidienne de 3 mg de mélatonine 12 heures après l’heure de réveil.
    • Exemple : si réveil à 8h → prise à 20h.
    • Pas d’instructions spécifiques concernant l’heure du coucher.
  4. Suivi et adhésion
    • Les participants remplissaient un formulaire quotidien (prise de mélatonine, durée d’exposition lumineuse).
    • Chaque jour de respect complet du protocole = 100 % d’adhésion.
    • Adhésion moyenne : 64,4 % (mélatonine prise en moyenne 62,5 jours / 90 ; lumière utilisée 54,1 jours / 90).

Résultats principaux

  • Appréciation globale : score moyen de 72,5/100 → tous ont jugé le traitement « digne d’effort ».
  • Thèmes émergents :
    1. Bénéfices et gains : endormissement plus rapide, amélioration de la vigilance diurne, routines mieux structurées, meilleure intégration sociale (présence scolaire accrue), estime de soi renforcée (ne plus se percevoir comme « paresseux »). Certains ont rapporté des bénéfices secondaires (meilleure alimentation, activité physique accrue, perte de poids).
    2. Coûts et pertes : effort important (temps contraint pour la lumière, rigidité du protocole), perte du « temps créatif » nocturne, déception en cas de rechute après arrêt.
    3. Amélioration du ratio coût/bénéfice : adaptation individuelle du protocole (préférence pour lumière seule ou mélatonine seule), automatisation des routines avec le temps, recours à des dispositifs plus pratiques (lampes portables, lunettes à lumière).

En pratique :

Le traitement combinant lumière matinale + mélatonine en soirée + ajustement progressif du lever s’avère efficace pour avancer la phase circadienne et améliorer la qualité de vie. Cependant, son application exige motivation, discipline et soutien.

Les bénéfices dépassent le sommeil : amélioration des performances académiques, du bien-être psychologique, de l’image de soi et de l’intégration sociale. Les coûts sont liés à la rigidité du protocole et à la perte des habitudes nocturnes. La pérennité des effets reste un défi, certains replongeant dans un rythme retardé après l’arrêt.

Les auteurs insistent sur la nécessité :

  • d’individualiser les protocoles,
  • d’accompagner les patients dans la mise en place de routines,
  • d’intégrer parfois un soutien psychologique (ex. TCC centrée sur la motivation et la restructuration cognitive),
  • d’informer que ce traitement constitue une prise en charge de long terme et non une guérison définitive.

Pour ma part, je conseille souvent à ces patients de pratiquer 30 mn d’activité physique, tous les jours ou presque tous les jours, si possible le matin, ou le midi.

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